Mobilité

  • La LGV Bordeaux – Toulouse est un projet de ligne à grande vitesse faisant partie du « Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest » (GPSO). Elle a pour objectif de relier Bordeaux à Toulouse, et au-delà, en direction de la Méditerranée et de Montpellier.
  • Le projet, lancé au milieu des années 2000, a connu une première avancée avec la mise en place d’un débat public en 2005. Le fuseau a été retenu par décision ministérielle en 2012. Il a la particularité de former un tronc commun avec la LGV Bordeaux-Espagne sur 55 km entre Saint-Médard-d’Eyrans et le triangle ferroviaire du Sud-Gironde (ou de Bernos-Beaulac) situé à proximité de Captieux, ce qui permettra d’exploiter des liaisons à grande vitesse inédites entre Toulouse et l’Espagne. (sources: RFF)

Vous avez oublié les dates clés de ce long feuilleton ? En voici un résumé:

1980-2007 : LGV Toulouse-Paris, de la naissance du projet à un accord de financement des collectivités locales

Le projet d’une ligne à grande vitesse reliant Toulouse à Paris émerge dans les années 80. Le choix de privilégier un trajet passant par Bordeaux, plutôt que par Limoges, est fait en 1990. Il se concrétise par la mise en service, le 25 septembre de la même année, de la branche sud-ouest de la LGV Atlantique de Paris jusqu’à Saint-Pierre-des-Corps, à l’est de Tours : le TGV Aquitaine met Bordeaux à distance de Paris en trois heures. Une ligne Bordeaux-Toulouse-Narbonne est programmée. Le TGV entre pour la première fois en gare de Bordeaux Saint-Jean, le 30 septembre 1990.

mars 2015 :avis défavorable de la commission d’enquête

La commission d’enquête qui a travaillé sur le projet de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax rend un avis défavorable , le 30 mars 2015. Un véritable coup de tonnerre, dans un pays qui donne généralement le feu vert aux grands projets d’infrastructures, même lorsqu’ils font l’objet de fortes oppositions citoyennes et locales. Le plus emblématique de tous, l ‘aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) a notamment reçu un avis favorable assorti de réserve en 2007… Ce qui n’empêchera pas le gouvernement d’Emmanuel Macron d ‘enterrer définitivement ce projet ultra-polémique en janvier 2018.

Les écologistes et l’ensemble des anti-LGV veulent alors voir dans la décision de la commission d’enquête un changement de cap sociétal : la France romprait avec les projets pharaoniques et pas forcément rentables pour l’Etat et les citoyens, pour jouer la carte d’un développement durable et favoriser les besoins quotidiens des populations, en l’occurrence, la maintenance et le développement des lignes régionales de proximité (TER).

Septembre 2015 : coup de théâtre: le gouvernement donne son feu vert

Pour Alain Rousset, président de la Région Aquitaine, la LGV est « un investissement pour un siècle ».

Six mois après l’avis négatif de la commission d’enquête, le gouvernement annonce, le 26 septembre 2015, qu’il va reconnaître l’utilité publique pour les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax . Une annonce politique lourde de sens, à deux mois de la COP21, la conférence internationale sur le climat, et des élections régionales des 6 et 13 décembre…

Ce nouveau coup de théâtre réjouit les grands élus toutes tendances politiques confondues , les présidents PS des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, Alain Rousset et Martin Malvy, et les présidents Les Républicains des métropoles de Bordeaux et Toulouse, Alain Juppé et Jean-Luc Moudenc. Tous étaient allés jusqu’à publier un texte commun pour défendre le projet des LGV au sud de Bordeaux.

En revanche, les anti-LGV, inquiets des pressions exercées selon eux par les grands élus sur le gouvernement, dénoncent le « lobbying très actif des élus d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées », en demandant au président de la République de « faire respecter les grands principes démocratiques ». Ils sont bien loin de lâcher l’affaire : pour eux, c’est une nouvelle phase de combat qui commence.

Il ne faudra pas compter financièrement sur le Département, qui est complètement étranger au domaine du transport. Jean-Luc Gleyze (PS), président du Conseil départemental de la Gironde

Il faudra compter sur les difficultés du bouclage financier du GPSO , mais aussi sur le nombre et la détermination des opposants qui mobilisent bien au-delà des clivages sociologiques et politiques traditionnels. Dans le propre camp du PS , tout le monde ne se réjouit pas : Gilles Savary, député de la Gironde, spécialiste des transports, et Jean-Luc Gleyze, le nouveau président du Conseil départemental de la Gironde, qui entend faire respecter la priorité d ‘ »améliorer la desserte de proximité », se disent « consternés » par l’annonce d’Alain Vidalies, mais aussi dubitatifs sur les capacités de l’Etat à aller jusqu’au bout.

Depuis l’inauguration de la ligne à grande vitesse Bordeaux-Paris, le 2 juillet 2017, se pose la question de la faisabilité des extensions de la LGV du grand projet ferroviaire du Sud Ouest (GPSO) vers Toulouse et vers l’Espagne, via Dax et le Pays basque, un vieux projet imaginé dans les années 1980 et sorti des limbes par l’Etat en 2015.

En 2018, l’affaire semblait toutefois enterrée par le gouvernement qui veut privilégier les trains du quotidien.

2021 : l’Etat promet 4,1 millards d’euros   Coût total évalué à 14,3 milliards d’euros

Coup de théâtre : en pleine campagne pour les élections régionales, le mercredi 28 avril 2021, le premier ministre Jean Castex, relance une pomme de discorde politique épineuse localement, en annonçant que l’État s’engageait à hauteur de 4,1 milliards d’euros en faveur du prolongement de la LGV, le GPSO (Grand Projet du Sud Ouest), dont le montant est évalué à 14,3 milliards d’euros.  Cela remet sur les rails ce projet ultracontroversé…. et dont le financement doit encore être bouclé.

Depuis, le projet pour lequel elles combattent conjointement depuis plusieurs années, a été voté par les majorités de droite ou de gauche des deux métropoles concernées et des Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, avec des financements liés.

Après plus de 3h30 de débats, Bordeaux Métropole a ainsi voté le 25 novembre 2021 en faveur du financement de la ligne Bordeaux-Toulouse, étape importante du GPSO. Ce qui signifie qu’elle s’engage à contribuer au projet à hauteur de 354 millions d’euro. Les écologistes ont voté contre.

Le 7 février 2022, la majorité des élus de Nouvelle Aquitaine vote l’avance de 225 millions d’euros pour “sécuriser” le financement du projet, qui se rajoute aux 710 millions déjà votés par la région, pour atteindre la somme de près d’1 milliard d’euros. A partir de 2024, la part de la Région passera donc de 17,7 millions d’euros par an à 23,4 sur une duré de quarante ans. Ce qui n’est pas rien, voire “indécent” pour le président du groupe EELV, Nicolas Thierry.

À une large majorité, les élus régionaux ont accepté que la Nouvelle-Aquitaine fasse l’avance de 225 millions d’euros pour boucler le financement du projet de LGV vers Toulouse et vers Dax. Non sans quelques bémols

Si l’’Etat finance 40% du projet, pour boucler son financement, une contribution de l’Union européenne est attendue, à hauteur de 20 % du coût total du GPSO évalué à 14, 3 milliards d’euros, soit une aide européenne de 2,86 milliards d’euros.

Le 14 février 2022, onze associations anti-LVG, réunies autour du président de la Sepanso 33, Philippe Barbedienne et de Denis Teisseire, fondateur de Trans’Cub demandent au Conseil d’Etat qui étudie le plan de financement du prolongement de la LGV vers Toulouse et Dax de refuser le plan de financement du projet. Leur courrier souligne que l’Europe ne prévoit qu’une somme de 1,87 milliards d’euros pour les investissements ferroviaires des 27 pays de l’UE, sur la période 2021-2027. Bien en dessous, donc, de ce qu’attendent les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.

2 mars 2022 : Le président de la République a signé ce mercredi matin, 2 mars, trois ordonnances sur les projets de lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, Montpellier-Béziers-Perpignan et Marseille-Toulon-Nice permettant la création de trois établissements publics locaux (EPL), nouvelle étape décisive dans les projets de lignes à grande vitesse qui doivent être mis en service dans les années qui viennent, dont Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax.  Et le 14 mars dernier, Jean Castex, alors Premier ministre, s’était déplacé dans la Ville rose afin de signer le plan de financement du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO)

De nombreuses voix continuent de s’élever contre ce que beaucoup qualifient de « projet mortifère qui créerait une balafre de 327 km ».

octobre 2022 – Une manifestation contre la ligne à grande vitesse (LGV) devant relier Toulouse à Bordeaux a eu lieu à Langon (Gironde), le samedi 1er octobre 2022. De coup de théâtre en coup de théâtre, voici les dates clés d’un grand projet ferroviaire très contesté qui a émergé dans les années 80, remis sur les rails en 2021 et dont il faut boucler le financement.

Une majorité confortable s’est prononcée en faveur du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest sur fond de nouveaux équilibres politiques

La légitimité du prolongement de la LGV est en revanche toujours contestée par les écologistes et par certaines collectivités locales. A titre d’exemple, le conseil départemental du Lot-et-Garonne et les deux communautés d’agglomération du bassin d’Arcachon refusent ainsi de participer au financement demandé par Alain Rousset.

2023  Une nouvelle taxe sera prélevée durant quarante ans, dans 2 340 communes

Il aura fallu attendre le dernier jour de 2022 pour découvrir, dans le Journal officiel du 31 décembre, la liste des 2 340 communes de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie où s’appliquera la toute nouvelle taxe spéciale d’équipement (TSE), créée pour financer la construction des lignes à grande vitesse entre Bordeaux, Toulouse et Dax.
Cet « impôt LGV », stigmatisé par les opposants au projet, doit financer une partie seulement de cet énorme chantier.
Sur une facture totale de 14 milliards d’euros, les deux régions, plus les métropoles de Bordeaux et Toulouse, et 14 Départements, ont 5,6 milliards d’euros à leur charge. Ces collectivités en payent une partie (49 millions ’euros par an) directement sous forme de subvention, le reste en prélevant sur le contribuable ce fameux impôt LGV, pour 24 M€ par an.

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